Toute victoire, même petite, est bonne à prendre...

Après le départ de mes beaux-parents...Une tristesse, une colère et une culpabilité envahissent tout mon corps et mon esprit me laissant cahot...Une tristesse par rapport à la maladie de Parkinson qui détruit Maurice jour après jour et change complètement sa personnalité et l'homme qui l'était. Une colère contre mon mari qui n'assume rien. Une culpabilité par rapport à mon rôle de mère qui a vraiment été ébranlé suite aux reproches de Maurice. Je mets trois jours à décompresser et à évacuer toutes ces émotions...Trois jours à me morfondre sur ma serviette de plage, fumant clope sur clope en broyant du noir...Même Nadine est complètement déboussolée par ce qui vient de se passer. Au téléphone, elle me raconte qu'elle n'en a pas dormi de la nuit et qu'après lui avoir dit ses quatre vérités, elle ne lui a plus adressé la parole pendant deux jours...Elle s'inquiète beaucoup pour moi parce qu'elle sait que les reproches de Maurice m'ont énormément fragilisé...Et moi j'ai de la peine pour elle parce qu'elle doit partager son quotidien avec un homme qu'elle aime profondément mais qu'elle ne reconnait et ne comprend plus...Au final chacune d'entre nous à son lot de souffrance…Et c’est pas facile.

Pascal et Steph malgré la situation, le comportement de mon mari et les conflits incessants entre Sam et Hugo prennent sur eux et gardent une sérénité à toute épreuve qui forge mon admiration. Leur présence me tempère et me permet de tenir le coup pour profiter des vacances et de la beauté de la Corse malgré tout.

Notre séjour touche à sa fin...Nadine m’appelle et me demande s’ils peuvent passer nous embrasser avant de partir. Ils doivent prendre le bateau à Calvi en fin d’après midi et comme ils sont partis tôt de chez leurs amis, ils ont quelques heures devant eux avant le départ. Ils nous rejoignent donc sur la plage. Maurice est tout penaud et très mal à l’aise. Mais, moi, je ne lui en veux plus, je sais que la maladie est responsable de tout ça et que ça n’est pas réellement de sa faute. Du coup, Je fais comme s’il ne s’était rien passé et je range au placard nos différents comme un mauvais souvenir de vacances. Nadine, elle, a plus de mal à passer l’éponge, elle me sert très fort dans ses bras et me réconforte comme elle peut. Elle me dit qu’elle lui en veut encore énormément et n’arrive toujours pas à comprendre comment on a pu en arriver là...C'est pour cette raison qu'elle voulait absolument me voir avant de repartir…Je lui dis qu’il vaut mieux ne plus y penser…Ce qui est fait est fait…Le mieux est de tourner la page et de passer à autre chose...Je la remercie d'être passée nous voir, ça me fait du bien...Mais l'heure du départ arrive vite et ils reprennent le bateau direction le continent pour finir leur vacances chez des amis à Grasse...

Le lendemain matin, jour de notre départ, mon mari pousse son inaptitude à gérer le partage des tâches  à son paroxysme. Alors qu’il faut rendre la maison au propriétaire avant 11h00…Il ne trouve rien de plus important à faire que de passer l’aspirateur dans la voiture et de téléphoner à son associé pendant que Pascal et moi, on se tape la maison à ranger et à nettoyer de fond en comble, plus les valises à finir avec les trois enfants dans les jambes. Steph étant enceinte, on lui a interdit de nous aider. Je sens Pascal qui bouillonne, prêt à déverser sa colère contenue depuis deux semaines. Je crains le pire…Du coup, je redouble d’efforts pour accélérer le mouvement et tout finir en temps et en heure avant le clash. Pendant tout le retour en bateau, je maudis mon mari et son comportement immature…Il est clair que Steph et Pascal ne sont pas prêts de repartir en vacances avec nous de si tôt….

Après notre séjour en Corse, étant donné que mes beaux-parents louent leur maison pendant l’été, on a prévu de rester une semaine à Roquebrune cap Martin près de Monaco dans une location. Comme ça dès que la maison est libre, mon mari me dépose avec les enfants à Gordes pour passer la fin des vacances avec mes beaux-parents, pendant que lui remonte sur Paris reprendre son travail. C’est l’avantage d’être instit et d’avoir deux mois de vacances !

Mais au bout de trois jours passés à Roquebrune, mon mari reçoit un coup de téléphone du bureau…

_ Je viens d’apprendre que la date d’une signature importante pour un gros contrat a été déplacée…Je dois absolument retourner sur Paris dès demain.

_ Quoi !!! C’est une blague !

_ Non, ce n’est pas une blague, écoute en ce moment c’est la crise et ce contrat est primordial pour nous.

_ Mais attends, ton associé ne peut pas signer à ta place ?

_ Non c’est moi qui est suivi tout le dossier, les clients ne veulent signer qu’en ma présence…

_ Ok et moi je fais quoi alors ?

_ Eh bien tu restes là jusqu’à samedi et ma mère et Maurice passeront de prendre en remontant sur Gordes, ils ne sont pas loin, ils sont à Grasse chez ma marraine…

_ Non mais tu rêves ou quoi, je ne vais pas rester bloquée ici toute seule avec les enfants sans voiture ! L’appartement est loin de tout… Je vais péter un câble ! On va faire quoi nous ici, si on ne peut pas bouger ?

_ Ecoute, c’est comme ça, je ne peux pas faire autrement !

_ De toutes les façons, tu ne peux jamais faire autrement quand il s’agit de ton boulot….

En fait, je le soupçonne de me mentir encore une fois comme il l’avait déjà fait les vacances précédentes à Arcachon. J’ai l’intime conviction que son contrat est une excuse bidon et qu’il retourne sur paris juste pour retrouver une nana. Même si notre couple est au bord du gouffre et que je ne supporte plus son comportement, je lui en veux de sacrifier ses vacances avec ses enfants au bénéfice de son travail et de sa double vie.

Il appelle donc sa mère pour la prévenir, mais Nadine propose instantanément de nous rejoindre et de finir à la semaine avec nous, pour ne pas me laisser seule. J’apprécie son geste, l’appartement est assez grand pour nous cinq et de cette facon, les enfants seront moins frustrés par le départ précipité de leur père. Je termine donc la fin des vacances en compagnie de mes beaux-parents et loin de mon mari…

Et c’est dur à dire mais j’ai tellement de colère contre lui que je me sens presque mieux quand il n’est pas là. Et puis la présence de Nadine auprès de moi me fait du bien, elle apaise la petite fille tourmentée qui se débat à l'intérieur de moi…

Les vacances se poursuivent tranquillement jusqu’à fin Aout à Gordes. Etonnement malgré la multitude d’émotions qui m’a traversée ces dernières semaines, je continue de gérer mon alimentation en respectant ma faim sans aucune compulsion. Deux mois sans aucune crise, ça ne m’était jamais arrivée…J’ai perdu 8 kg…Est-ce l’espoir que je suis enfin guérie de mon hyperphagie ? J’ai du mal à y croire…Nadine qui m’encourage toujours pour continuer mon combat contre mes démons intérieurs, me dit que depuis deux ans, j'ai énormément changé en mieux bien sur, qu'elle me sent épanouie, plus sure de moi et surtout embellie. Alors qu'avant j'étais renfermée, triste et très mélancolique. Ses compliments me touchent, mais je sens que je suis encore bien fragile et que les aléas de la vie ont encore un pouvoir destructeur sur moi que je n’arrive pas gérer sereinement en toute circonstance. Je me réjouis quand même et je savoure cette petite victoire…Je me dis que toute victoire, même petite, est bonne à prendre...